Avec le président du CF Mounana, nous revenons sur les objectifs du centre, la relation particulière qui le lie à ses joueurs et son état d’esprit à long terme.

 

Pourquoi avoir créé le Centre de Formation de football de Mounana ?

Ben, par passion d’abord. Puis, parce que j’aime la chose.

Pour le grand public, expliquez-nous en quoi consiste le projet sportif du CF Mounana.

Le projet sportif du CF Mounana consiste à d’abord former des jeunes. Ensuite, à ravitailler et à étoffer, en termes d’effectif, la première division de football. Donc, le projet est de former et mettre sous les feux des projecteurs certains jeunes, qui auraient émergé de la formation, et certains cadres de l’équipe première, pour l’équipe nationale du Gabon, et, pourquoi pas, leur permettre de partir vers l’Europe pour vendre leur talent.

Pouvez-vous nous présenter le Centre de formation ?

Le centre de formation a été créé en 2006. Nous avons passé trois années en deuxième division, avec toutes les catégories inférieures et nous avons accédé à l’élite en étant victorieux du “Tournoi de la montée” en première division (ndlr : titre de champion de la D2). Et, de là, depuis bientôt deux saisons, nous évoluons en division d’élite.

D’où viennent la plupart des jeunes présents au Centre de formation, de Libreville exclusivement, ou de l’intérieur du pays également ? En plus, n’y a-t-il que des gabonais, ou d’autres nationalités aussi ?

Non. Le football est d’abord un dialogue universel.
Donc, nous n’avons pas de préférence en termes d’ethnies ou de nationalités. Le plus important pour nous, c’est de savoir taper dans le ballon, avoir cette capacité à recevoir les rudiments du football… Bref, le Centre de formation de Mounana est ouvert à tout le monde ; gabonais comme non gabonais.Nous donnons la chance à tout le monde, car une perle rare peut se trouver aussi bien au Gabon qu’à l’extérieur du Gabon. Donc, le plus important, c’est le sport qui gagne. Puisque nous parlons de fair-play dans ce domaine ; il faut rappeler que le fair-play commence déjà par accepter les autres, par s’accepter les uns les autres.

 

A ce propos, quels sont les critères de recrutement au niveau du Centre ?

Ben, c’est déjà d’avoir des prédispositions d’un joueur moderne, d’être généreux dans l’effort, d’avoir du tempérament ou « la niaque », comme on le dit prosaïquement dans notre jargon, et avoir une assise technique. Maintenant, après, les fondamentaux sont inculqués tout au long de la formation du joueur.

 

Comment qualifieriez-vous cette relation de famille entre le président que vous êtes et vos joueurs ?

Naturellement dans toutes les familles, il existe un chef de famille. Et, dans notre cas, je le suis modestement. Je suis le « père » de famille.

A Mounana, c’est beaucoup plus cette relation de père à fils qui s’exprime. Pour la plupart, je les ai recueillis assez jeunes. Donc, d’entrée de jeu, ils ont l’interdiction de m’appeler « Président ». Ils m’appellent tous « papa ». Je pense que cela brise tous les tabous qu’il y a autour et cela nous rapproche davantage. Chacun de nous a un rôle, des devoirs et des obligations vis-à-vis des uns et des autres.

Mais, pour moi, ce sont d’abord mes fils. Parce que, ce milieu ne garantit pas la réussite à 100% ; tout comme là dedans il peut y avoir une ou des cuvées qui ne vont rien porter de spécial en termes d’expatriation. A contrario, je suis persuadé que nous avons de quoi faire pour le championnat gabonais de D1, l’équipe nationale A ou l’équipe nationale B (locale).

Donc, c’est en même temps une aventure et un métier aléatoire. Nous tenons compte de tous ces facteurs et de toutes ces pesanteurs qui font en sorte qu’il faut être patient.

Ces jeunes, seront-ils un jour les « cracks » du CFM ?

Mais, pour moi, ce sont déjà des « cracks ». C’est vrai que ce sont mes enfants, donc je laisse aux autres le soin de les apprécier ou pas. A partir du moment où le casting a été fait dans le sens de ce que nous souhaitions, pour nous ce sont déjà des cracks.

Quitte à eux de s’imposer dans d’autres structures, pourquoi pas l’équipe première et, partant, l’équipe nationale. Après, tout le malheur que l’on peut leur souhaiter c’est de pouvoir s’expatrier et jouer comme on le voit pour leurs ainés tels que Samuel Eto’o, Didier Drogba et autres.

 

En attendant ces futurs cracks, vous avez bâti une équipe très compétitive en D1. Cela a surpris beaucoup d’observateurs. Comment s’organise le recrutement à Mounana ?

Ben, il faut préciser que 65% de l’effectif actuel est l’émanation de la formation depuis bientôt six ans du CFM. Nous avons renforcé certains compartiments par des expatriés et quelques joueurs confirmés du championnat national de D1 venant d’autres clubs ; et cela, sur des critères bien arrêtés par poste. Chaque poste ayant sa spécificité.

Donc, nous sommes allés sur cette base. Nous avons essayé de prendre les meilleurs, pour ne pas dire les moyens, à ces différents postes.

À titre personnel, vous aimez ce que vous faites ?

Oui, sinon je ne le ferais pas.

 

 Et si les résultats ne sont pas immédiatement au rendez-vous, aurez-vous assez de patience ?

Je suis à l’image du cultivateur ; je m’attends à de bonnes comme à de mauvaises saisons.

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