A l’image des grands clubs, le CF Mounana parie sur la jeunesse. Le centre de formation nourrit l’équipe première. Pour ces gamins, le rêve d’une vie. Un ballon bien en place et la tête tout autant.

15h30, terrain de sports de la FOPI. Ils sont une trentaine à se changer, chausser les crampons, enfiler le maillot fétiche. Sérieux, comme de vrais pros. A leur côté, Pierre Ndomba donne quelques recommandations. L’échauffement, les étirements, avant de taquiner le ballon. Des gamins d’à peine 8-9 ans, qui viennent ici deux fois par semaine. « A cet âge, on voit déjà qu’ils ont l’envie (sourire). Mais il faut que ça marche aussi à l’école. » Depuis 2011, Pierre encadre les jeunes du centre de formation du CF Mounana. Une structure unique, des profs, des kinés, des éducateurs… et une même conviction du foot.

Au centre du terrain, Stefano Grazzini. Soixante ans, les cheveux blancs et l’œil vif, il a pris en charge cette année le centre de formation. Ancien entraîneur de Parme (Italie), Stefano en a gardé l’accent, et la passion méridionale. Cet après-midi, il s’occupe des plus petits (7-8 ans). « C’est l’atelier que je préfère. Tout part de là. On a actuellement une soixantaine d’enfants, mais je peux encore élargir, aller jusqu’à 80. » Ballon au pied, il donne l’exemple, conseille, s’amuse, et enseigne. De la pédagogie toute simple, sans discours, au contact.
De la FOPI aux Girondins de Bordeaux
Ça se passe sur le terrain, mais aussi en dehors. Le CFM, au-delà de ses 200 licenciés, compte 80 pensionnaires au centre de STFO – le seul de ce type au Gabon – hébergés par le club, et inscrits dans les lycées de la capitale. « Nous avons des accords avec les établissements pour que les jeunes soient libérés aux heures d’entraînements, deux ou trois fois par semaine. » Etienne (13 ans), est entré l’an passé. Un rêve de gosse. Sur les murs de sa chambre, Messi, Aubameyang, Yaya Touré et Ovono. « C’est mon grand-frère qui me les a offerts. Le centre, c’est très bien. Parce que, plus tard, il y a la grande équipe. » Confirmation de Stefano Grazzini : « Cette année, on a 8 joueurs de 1ère division formés à Mounana. C’est unique. Ils ont grandi ici, sur ce terrain de la FOPI… » L’un d’entre eux – Aaron Boupendza – évolue à Bordeaux, et un autre à Laval (D2 française). Aujourd’hui, combien rêvent-ils de cette trajectoire ? Ils sont studieux à l’extrême, respectueux des consignes. Fondamentale, la discipline dans la tête et dans les jambes, pour éviter les blessures. La réussite du CFM tient beaucoup à ces principes.

Il est un peu plus de 4 heures. En bordure des terrains, trois 4X4 s’arrêtent. Plusieurs fois par mois, quand son agenda le lui permet, le « boss », Hervé Patrick Opiangah, vient prendre la température. Posez-lui la question, s’il vous dit que la création du centre répond à des impératifs économiques, il y a du vrai. Le recrutement externe ne sera bientôt plus nécessaire. Certes…mais il y a surtout ce sentiment de générer de l’avenir. Une pépinière, un incubateur de rêves. Des souvenirs d’enfance aussi. Sur son terrain, au quartier, autour d’un mauvais ballon. Toute une vie de foot.

L’interview / Hervé Patrick Opiangah

Dix ans que le centre existe, et jamais la conviction n’a faibli. Pourtant, la réalité n’est pas toute rose.

Président, juste un mot sur l’esprit du lieu.

HPO : Le centre de formation a été créé en 2006. Sa vocation première est de former les jeunes, Gabonais ou non, à la combinaison foot/études. Ce qui offre des chances à chaque enfant, au cas où il serait en échec dans un des domaines, cela lui offre la possibilité de se rattraper dans l’autre.

D’où viennent ces jeunes ?

-De tous les horizons et de toutes les couches sociales. On présélectionne dès l’âge de 6 ans. Ceux qui s’en sortent vers 11-12 ans, nous les prenons au pensionnat. Il y a donc le foot, mais pas seulement. Notre rôle a toujours été de sensibiliser et motiver nos jeunes dans les études, en mettant en place les mécanismes d’accompagnement (hébergement, restauration, soins médicaux, cours de soutien…) On compte des bacheliers et beaucoup de brevetés, formés au centre.

Mais, il faut des moyens pour mener à bien l’entreprise…

-Si c’est ce que vous voulez savoir, non, il n’y a pas de subvention. Je fonctionne sur mes fonds propres. Peut-être, un jour… Ou alors réussir à placer l’un de nos joueurs à l’international et bénéficier d’un retour sur investissement.

Comment les parents perçoivent-ils ce travail pédagogique ?

-J’avoue être parfois déçu. Quand le jeune émerge, les agents viennent trouver les parents et vont les convaincre. Alors, il n’y a plus de protocole. On s’est occupé d’eux depuis l’âge de 8 ans et on se fait injurier. Ou encore, en cas de blessure ou de maladie, on se fait accuser des pires choses. Ca décourage les bonnes volontés. Et pourtant, si on n’existait pas…
Nathan Moore et R.A.C

Commentaires

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tchese 19 h 57 min 8 novembre 2017

le CFM est un centre de qualité…en particulier j’ai toujours voulu jouer au foot dans ma vie,mais par opposition à mon père je n’ai pu réaliser ce rêve que j’ai depuis l’enfance…En classe de 1ère B aujourd’hui je ne sais si ma chance est toujours d’actualité…même si une certaine espérence existe en moi…je conseil à tous mes frère du centre de bien suivre la rigueur du centre,parceque ce n’est pas donné à tout le monde d’y être…#merci.